« Il faut que tout change pour que ne rien ne change » est le précepte pouvant s’appliquer aux dispositifs de ZFE. L’objectif poursuivi par leur application est en effet une transformation du parc automobile sans reposer la question des mobilités et la place de la voiture individuelle. Or, c’est bien une réflexion globale qu’il convient d’engager pour proposer une politique de sobriété énergétique des mobilités, autrement dit :ne pas se déplacer moins ; mais se déplacer mieux.
Un autre point discutable dans les ZFE concerne les critères retenus pour l’établissement des vignettes Crit'Air. Ceux-ci apparaissent bien trop restrictifs, puisqu’ils prennent seulement en compte l’année de construction du véhicule et le type de carburant, tandis qu’ils ignorent les émissions de gaz à effet de serre, le cycle de vie, le poids et la consommation en carburant des véhicules.
Les ZFE ne s’appliquent pas aux sources de pollution autres que celles émises par le secteur du transport routier. Ainsi les rejets de l’industrie, pourtant responsables de 20% de la pollution à l’oxyde d’azote, ceux de l’habitat, de l’agriculture mais aussi des cargos ou navires de croisière en stationnement dans les ports ne sont pas concernés.
Enfin la problématique de la qualité de l’air dépasse largement les frontières des centre urbains des grandes métropoles. A ce titre les ZFE semblent très peu efficaces voire hypocrites, car elles n’incluent généralement pas les parties les plus polluées des métropoles. A Bordeaux, l’exclusion de la rocade du périmètre ZFE en est l’exemple le plus marquant.
A l’échelle de la France et de l’Europe, le choix d’imposer des ZFE en retenant un critère de taille d’agglomération, quel que soit leur situation géographique, interpelle aussi. Il parait déconnecté de la carte de la pollution atmosphérique concernant particulièrement les régions industrielles et/ou hyper-urbanisées (nord-ouest de l’Europe, Italie du Nord, région parisienne, etc). Imposer une ZFE à Brest par exemple est étonnant en termes de priorisation écologique du gouvernement.