Le droit du film "J'veux du soleil !" ont été libéré ! Nous organisons des projections à la permanence parlementaire.
Venez vivre des moments d’émotion et de rire avec nous, et pour reprendre un slogan des gilets jaunes : rejoignez-nous !
Ce jeudi soir 02 mai, ne restez pas seul chez vous !
Discussions et collations après le film.
Le jeudi 2 mai 2019, à 20h30
à la Permanence parlementaire Loïc Prud’homme
281 Route de Toulouse 33140 Villenave d’Ornon
« D’habitude, les pauvres se cachent pour souffrir. Et voilà que cette France invisible se rendait visible, hyper visible. »
Dans la vie des peuples, il est des saisons magiques. Soudain, des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie, d’habitude résignés, longtemps abattus, se redressent, se dressent contre l’éternité d’une fatalité. Ils se lient et se liguent, leurs hontes privées, accumulées, se font colère publique, et à leurs seigneurs, à leurs maîtres, aux pouvoirs, ils opposent leurs corps, leurs barricades, leurs cabanes. Leurs voix, surtout : la parole se libère, déchaînée, pour réclamer une part de bonheur.
C’est un éclair, alors, qui déchire la nuit noire de l’histoire. Un éclair,
un éclair jaune, fluorescent même, qui ne dure qu’un instant, un instant seulement, mais se grave dans les mémoires. Derrière, le tonnerre fait résonner ce mot : espoir.
Comme en une hasardeuse chasse aux papillons, Gilles Perret et François Ruffin sont partis pour un road-movie dans la France d’aujourd’hui. En guise de filet, une caméra, pour capturer cet instant, magique, pour saisir sur le vif les visages et les voix des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie.
Et maintenant, que faire ?, que faire ?, que faire ?, me demande-t-on sans cesse ? Eh bien c’est l’Elysée qui nous donne la marche à suivre. Dans Le Parisien, un conseiller angoisse : « Ce printemps, ils vont sortir faire des barbecues sur les ronds-points… » Vive la merguez (au soja) révolutionnaire !
Fakir : C’est l’indice d’un moment révolutionnaire, ça, non ? Ce soudain mûrissement ?
François Ruffin : « Oh, la Révolution, bon, moi, on l’annonce tellement souvent… Mais enfin, dans l’air du pays flotte un parfum très particulier. Une scène, pour moi, illustre ça. On se retrouve au péage de La Barque, près de Marseille, de nuit, pour réoccuper l’autoroute. On ne connaît pas grand‑monde, et on ne veut pas se mettre avec les « leaders »… On grimpe donc dans une voiture au pif : c’est une petite dame, la cinquantaine, bien coiffée bien maquillée, à deux heures du matin, dans un joli manteau, une jolie auto, bref, ça pourrait être ma mère. Elle avait tenu une boulangerie, elle exerce maintenant comme auxiliaire de vie sociale, elle n’a jamais manifesté… Et voilà qu’elle se retrouve sous la lune à piquer des plots ! À bloquer des camions ! « Qu’est‑ce qui vous a fait entrer dans la délinquance ? », on lui demande. Elle sourit : « Non, c’est une reprise du pouvoir. » Elle avait juste accumulé de la colère, de la souffrance, en silence. Quand une personne aussi normale, aussi calme, entre en sédition, c’est qu’un truc se passe. »
Gilles Perret : « J’ajouterais quelque chose : ces hommes et ces femmes… on a énormément de femmes… Ils ne font pas que raconter leur misère, c’est sous‑tendu par une lutte, en eux, entre désespoir et espoir : est‑ce que ça va changer ? Ils doutent, ils y croient, les deux à la fois. Pas pour eux seulement, pour leurs enfants, pour la société, et ils te parlent d’harmonie, de liens, de fraternité. Ces mots‑là, dans leur bouche, deviennent puissants, parce qu’ils ne sont plus abstraits, plus des concepts, ils s’incarnent dans leur histoire de vaincus. Je pense à David, un autoentrepreneur, un artisan, dans la mouise jusqu’au cou, Secours populaire et compagnie : le soir, en rentrant chez lui, après le brasero, il lit la Constitution ! Avec le dictionnaire à côté de lui ! »
Une formule me guide, pour le montage, une phrase de Victor Hugo : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. » Et donc, comme dans une douche écossaise, il faut passer d’un monde à l’autre, même brièvement.
Fakir : Mais c’est trop tard, non ?
Gilles Perret. : C’est la phrase de Howard Zinn : « Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs. » Quelle trace on garde de ça ? Quel récit collectif on en fait ? Quel ferment pour demain ? Cette histoire‑là, cette mémoire‑là ne doit pas être confiée uniquement à BFM.
François Ruffin : Parce que ça n’est pas fini, c’est certain. C’est une lutte de longue haleine qui est engagée entre la démocratie et l’oligarchie. On assiste aujourd’hui à son resserrement autoritaire, à un conflit qui s’aiguise. Et je suis convaincu, très fermement convaincu, que les mots, les livres, les images, les films, sont des armes dans cette bataille.
Diffusion insoumise les vendredi 3 et samedi 5 mai, salle des Fêtes de Loupiac (Gironde) à 21h.
Et samedi 5, de 15h à 18h, salle des fêtes de Loupiac, aura lieu un atelier des directives européennes sur le thème : « Agriculture et Bien-manger : réécrivons la PAC », en présence de trois candidats FI aux européennes, Romain Dureau (ingénieur agronome et doctorant en économie), Raphaëlle Boudard-Ly Van Tu, Pamela Hocini ainsi que de deux juristes.